L'échouage du Melbridge Bilbao

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Version du 27 octobre 2007 à 14:30

Les faits :

Le 12 novembre 2001, à 05h20 le Cross Corsen repère sur ses écrans radar, un bateau qui fonce à 17 noeuds (30 km/h) droit sur l'île Molène. Deux heures plus tard le Melbridge Bilbao, cargo de 150 mètres de long s'échoue à 300 mètres de l'île.

Les autorités responsables de la surveillance et de la protection de nos côtes ont laissé un bateau aller droit sur les rochers durant 2 heures sans faire autre chose que de l'appeler tous les 1/4 d'heure à la radio. Personne ne savait si ce bateau était un cargo, un pétrolier ou un chimiquier.

Il y avait une seule possibilité d'intervention : l'envoi d'un hélicoptère. Le Préfet maritime dispose de 13 hélicoptères militaires et peut faire décoller ceux de la sécurité civile.

Rien n'a été fait.



Historique

2003
23/04 Spamm fait appel du refus d'aide juridictionnelle
02/04 Le bureau d'aide juridictionnelle refuse d'accorder l'aide juridictionnelle à Spamm.
10/02 La plainte est déposée par le syndicat Spamm pour éviter l'écueil de l'intérêt à agir qui aurait pu être opposé à Jo Le Guen

2002
06/11 Article du Télégramme
05/11 Communiqué de presse
05/11 Texte de la nouvelle plainte avec constitution de partie civile
AVRIL Le procureur nous informe qu'il a classé la plainte sans suite
05/02 communiqué suite au jugement
09/01 Lettre ouverte au procureur
09/01 Article du Télégramme
09/01 Article de Ouest-France

2001
26/11 Plainte contre le capitaine
22/11 Réponse au préfet
22/11 Réaction du préfet au dépôt de la plainte
21/11 Lettre ouverte
20/11 Plainte contre le préfet maritime



Jo Le Guen dépose plainte avec constitution de partie civile





Lampaul Plouarzel, le 4 Novembre 2002

Monsieur le Doyen des Juges d'instruction

Tribunal de grande Instance

BREST

Objet : Dépôt de plainte avec constitution de partie civile.

Monsieur le Doyen,

J'ai l'honneur de déposer plainte avec constitution de partie civile contre le préfet maritime de l'Atlantique pour abstention de combattre un naufrage, négligence grave, mise en danger de la vie d'autrui et mise en danger de l'environnement maritime à la suite de l'échouement du navire Melbridge Bilbao sur l'archipel de Molène le 12 Novembre 2001.

La préfecture maritime a été prévenue le 12 Novembre 2001 à 06h10 par les services du Cross Corsen qu'un bateau inconnu se dirigeait droit sur l'archipel de Molène à vitesse et cap constants sans répondre aux appels radio. Le bateau avait été repéré dès 05h30. Vu la direction anormale suivie par le navire, le Cross Corsen avait appliqué la procédure réglementaire, un appel radio toutes les quinze minutes. A 06h00, après avoir émis le troisième appel radio qui, comme les 2 premiers était resté sans réponse, les services du Cross Corsen ont prévenu la Préfecture maritime de cette anomalie.

La trajectoire du bateau, visible au radar, permettait de déterminer avec précision l'heure de l'impact sur les roches entourant l'île Molène. Lorsque les services du Cross Corsen prévinrent la Préfecture maritime, celle-ci disposait de tous les moyens légaux pour envoyer un hélicoptère et des hommes sur le bateau.

Elle disposait également d'un délai suffisant pour intervenir. Les éléments à sa disposition, vitesse, cap, distance à parcourir, permettait de situer l'impact autour de 07h30, ce qui laissait un délai de une heure et vingt minutes pour intervenir, délai largement suffisant même pour un hélicoptère de la sécurité civile qui aurait décollé de Quimper, hélicoptère que le Préfet maritime pouvait faire intervenir.

On ne peut ni concevoir ni admettre que les services de l'Etat en charge de la surveillance et de la sécurité de nos côtes se contentent d'espérer que le bateau modifiera sa route de lui-même. Il est utile de préciser que les services du Cross Corsen n'avaient pu déterminer le type du navire. S'il s'était avéré être un pétrolier, nous aurions eu droit à une nouvelle marée noire.

Dans son livre "Colères noires" Jean Bulot, commandant de l'Abeille Languedoc, raconte la prise de remorque de la partie arrière du Tanio, pétrolier malgache qui s'était cassé en deux au nord de la Bretagne en 1980. Il fait état, page 202 à 206, du délai anormalement long de l'intervention de l'hélicoptère envoyé par la préfecture maritime pour aider à passer la remorque sur la partie arrière du pétrolier qui dérivait rapidement sur les roches.

Vingt et un ans plus tard, on s'est rendu compte que les procédures d'intervention des hélicoptères n'avaient été ni simplifiées ni améliorées.

Cette plainte a aussi pour but de faire la lumière sur les mesures prises par le préfet maritime, un an après l'échouement du Melbridge Bilbao, pour éviter qu'un tel accident ne se reproduise plus.

Veuillez agréer, Monsieur le Doyen, l'expression de mes sentiments respectueux.

Jo Le Guen